mercredi 6 juillet 2011

Interview de @verteCouverture pour le lancement de l'album "post-it immolation?"


Verte Couverture sort aujourd'hui son dernier album “Post-it immolation?”. Pour l’occassion, I&F propose la retranscription d’un entretien avec  le 1-person-band realisé  la semaine dernière. 
  
POST-IT IMMOLATION? de VerteCouveture


- I&F : Dès le titre de l’album (post-it immolation?), tu annonces la couleur : le monde du travail avec la référence au suicide d’un ingenieur par immolation. On reste dans la droite ligne des précèdents albums?
- VerteCouverture : Le monde du travail oui. mais pas n’importe lequel. Celui des ingénieurs, des diplômés, des employés de bureau. C’est une ligne récurrente et structurante pour le projet Vertecouverture. Il suffit de regarder le logo du groupe pour s’en convaincre.

 logo de VerteCouverture


- Mais pourquoi les “employés de bureau” en particulier? et pas les autres masses salariales ? les ouviers par exemple?
- Je me sens seul sur ce segment. J’ai le sentiment d’un deficit sur la question. A part dans le domaine littéraire et sûrement au cinéma, l’art contemporain ne cristallise pas vraiment le ressentit de l’employé de bureau. Certes nous avons droit à des illustrations, des descriptions, mais c’est plus un regard externe. Un regard de touriste si tu veux, souvent ironique d’ailleurs. Mais il y a très peu  de travaux qui absorbent et revendiquent cet environnement comme une influence déterminante. Peut être tout simplement parce que tres peu d’artistes ont partagé cette expérience. Étudiants, ils travaillaient au Mac do du coin, et c’est tout. A mon avis, très peu ont connu une expérience de travail au bureau. L’univers de l’ouvrier était par contre massivement explorer par l’art. Notamment car c’est une figure contre-capitalistique.  Une figure beaucoup fantasmée grace à l’influence communiste. Aussi peut être car c’est très visuel, facilement scenografiable. Regarder un bonhomme derrière un ordinateur est tout simplement ennuyeux.


- La frustration est un thème récurrent pour VerteCouverture. La frustration politique ou sexuelle serait elle plus importante dans la classe des “diplômés”?
- De nos jours, l’homme moderne diplômé se heurte au mur de la beauferie virile dont raffole les filles les plus faciles. L’homme diplomé, trop "metrosexuel" dans son comportement, doit se contenter au mieux d’intellectuelles feministes chiantes. Donc en effet je pense qu'il est peut etre plus sujet aux frustrations  sexuelles. Concernant les frustrations politiques, c’est aussi évident : le profil social des terroristes d'extrême gauche ou islamiques le prouve : ils sont en moyenne plus diplômés que le reste de la population de leur pays. Peut être parce que les ouvriers sont plus abasourdis par le rythme de leur quotidien. Chez les classes diplômées, on dénote une prises de conscience pour les questions environnementales, du bien etre des animaux, des droits fondammentaux, des pertes de libertés,etc... mais très peu de possibilités d’agir. Donc oui,  la frustration dans les couilles et dans la tête.


- En live, tu ne joues pas sous le nom VerteCouverture, mais sous le projet “LES MARTEAUX ET FAUCILLES MODERNES”. Pourquoi ce cloisenement?
- En realité, VerteCouverture a completement été pensé pour le média internet et plus précisément pour les sites dit de User Genereted Contents. [ndlr : youtube , myspace, etc..]. A la base Verte Couverture était donc un concept totalement in silico, créé pour être exposé sur internet, et pas du tout pensé pour du live. Le concept VerteCouverture reflète une période ou l’amateur prenait le contrôle. Je me souviens d’une conférence en 2005 où Paul Devautour comparait les codes visuels et scénographiques des vidéos de Remy Gaillard avec celles d’artistes performeurs. Pour VerteCouverture j’ai toujours revendiqué un certain amateurisme, en accord avec les codes du punk : amateurisme et occupation de la bande passante. Donc ça allait de paire avec la notion de User Genereted Contents. J’ai  tout de même joué en live plusieurs fois sous le projet Vertecouverture, mais j’avais l’impression qu’il manquait quelque chose pour retranscrire parfaitement ce que je voulais extirper de l'ambiance de bureau. Je me suis donc naturellement  intéressé à Microsoft, en tant qu’outil le plus répandu dans ce milieu. Avec MicroPornSoft, on a donc travaillé sur une idée de video jaying en détournant les programmes de MS Office. 

Logo du projet LES FAUCILLES ET MARTEAUX MODERNES
 

- Micropornsoft avec qui tu avais déjà travaillé pour les clips?
- Oui exactement. L'identité visuelle de Microsoft était déjà présente dans les clips de VerteCouverture. Pour revenir a ce que je disais tout a l’heure sur l’absence de réflexion de la part de l’art contemporain pour le thème du travail de bureau, MS office est un bon exemple. Bien que l’esthetique MS office soit omnipresente, très peu d’artistes ont travaillé dessus, très peu de créations la mettent en relief. Peut être parce que tous les artistes travaillent sous Mac!? [leger rire]


  Je t'emmerde de Vertecouverure (réalisé à partir du tableur Excel)


- La pochette de l’album puise aussi dans le monde du travail avec le dessin d’un smiley avec des Post-it comme pixel.  Mais pourquoi toujours illustres tu tes artworks avec des visages?
- Quel sens de l’observation !! [rire franc]. C’est vrai, J’ai toujours mis un visage sur la pochette pour souligner le caractère humain et intime de la création.  Post-it immolation? n’échappe pas a la règle.
L'artwork est en fait une capture du clip pour le morceau DEBILE.

Aucun commentaire: